Le passage en GAV en cas d’utilisation d’une arme à son domicile, semble systématique. Si vous utilisez votre arme en état de légitime défense, vous irez forcément en GAV, et vous serez relâché juste après si votre légitime défense ne fait pas de doute, comme l’homme qui s’est défendu à Roquevaire en abattant un cambrioleur. C’est la procédure normale, il n’y a pas de vaine polémique à avoir puisqu’il faut bien que la police écoute votre version des faits, les témoignages des éventuelles personnes sous votre toit avec vous, et détermine que vous êtes bien le propriétaire de la maison attaquée. Cependant espérons que l’attitude des policiers s’améliore, et que la victime qui s’est défendue contre les agresseurs nocturnes ne se sente pas à la place du criminel. Faire fuir, blesser ou tuer un homme qui vous agresse dans un état de légitime défense n’est pas un crime.


Le cambriolage a eu lieu en plein après-midi. /Photo DDM
Le cambriolage a eu lieu en plein après-midi. /Photo DDM
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Un Laroquais de 82 ans a surpris des cambrioleurs à son domicile. Il a tiré en l’air avec une arme à feu pour les faire fuir et s’est retrouvé en garde à vue. Les cambrioleurs sont activement recherchés.
«J’ai tiré en l’air pour effrayer les cambrioleurs qui ont enjambé la haie et disparu de ma vue.» Jean-Pierre Tricoire est encore sous le choc et ne réalise pas tout à fait ce qui lui arrive depuis vendredi après-midi. L’ancien élu de Laroque, âgé de 82 ans, a surpris des cambrioleurs dans sa maison alors qu’il revenait d’aller chercher sa petite fille au collège. Deux individus ont profité de l’absence du couple pour pénétrer dans cette maison masquée par une haie, dans un secteur isolé de Laroque. Les deux voleurs mettent tout sens dessus dessous à la recherche sans doute d’argent, de bijoux et d’objets de valeur. C’est la petite fille du couple qui se met à crier en découvrant le désordre dans la maison.

Alertée, Mme Tricoire se met à crier également en voyant les deux individus sortir précipitamment de la maison. Inquiet, l’octogénaire se saisit d’une arme à feu. C’est alors qu’il «tire en l’air pour effrayer les cambrioleurs» qui ont réussi à prendre la fuite avec au moins un sac à main, explique-t-il. Le montant du préjudice n’a pas été précisé. Alertés, les gendarmes montent jusqu’au logement pour effectuer les premiers constats. M. Tricoire se rend à la gendarmerie pour déposer une plainte. C’est là que tout bascule. La procédure judiciaire normale prévoit un placement en garde à vue après l’usage d’une arme dans ces circonstances. L’octogénaire se voit contraint alors de rester à la gendarmerie durant la nuit pour être entendu.

Garde à vue lors du dépôt de plainte

«Lors de mon dépôt de plainte, j’ai été choqué de la garde à vue mise en place à mon égard, vu mon âge, car je ne faisais que protéger mes biens et ma famille», explique-t-il encore sous le choc.

Il répond aux questions des enquêteurs qui «ont fait preuve de courtoisie à son égard», souligne-t-il. Les procédures ont été respectées, indique-t-on du côté des autorités avec l’examen de l’octogénaire par un médecin notamment. M. Tricoire, soutenu par sa famille et des élus de Laroque et Lavelanet, a été remis en liberté, hier après-midi, encore sous le choc.

L’acte de procédure passe mal dans son entourage et dans la population.

Cambrioleurs activement recherchés

«Après quelques heures de la fin de ma garde à vue, je comprends mieux la procédure employée», affirme-t-il. Quant aux deux cambrioleurs, ils sont activement recherchés par les gendarmes, souligne-t-on du côté des autorités.

L’enquête se poursuit et doit déterminer les circonstances exactes du cambriolage et du tir par arme à feu. Les deux individus ont-ils repéré les lieux et surveillé ses occupants avant leur tentative ? Ils auraient tenté de rentrer par effraction en s’attaquant à une porte-fenêtre du rez-de-chaussée avant de passer par une fenêtre à l’étage de la maison verrouillée en l’absence de ses occupants.

On a sans doute évité le pire. Mais ces événements sont un nouveau signe de l’exaspération latente qui existe en pays d’Olmes en lien avec les faits de délinquance. Le groupement local de traitement de la délinquance (GLTD) pointe une baisse des cambriolages, notamment pendant l’été, avec une baisse de 11 % sur le pays d’Olmes et 32 % sur Lavelanet, indiquait le 23 septembre dernier le procureur de la République.

«On a évité le pire»
Patrick Laffont, le maire de Laroque, ne veut ni dramatiser, ni minimiser. «On a évité le pire. Il n’aurait pas dû tirer, mais c’est regrettable qu’il se soit retrouvé en garde à vue, vu le contexte et son âge. Tout le monde est unanime pour dire qu’on n’aurait pas dû le garder à vue, mais la procédure normale en vigueur a été légalement appliquée. Je regrette bien sûr qu’on n’ait pas pu éviter la garde à vue.»

 

La Dépêche du Midi