Interviews réalisées par l’ARPAC

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La DAAA-AVWL est une association Belge créée en vue de défendre le droit à posséder des armes et à s’opposer à des directives toujours plus restrictives visant des propriétaires légaux, un de ses membres fondateurs, Eric Blondieau nous a répondu :

Qui êtes-vous ? Quelle association représentez-vous ?

Je m’appelle Eric Blondieau, je suis un tireur et un collectionneur d’armes depuis environ trente ans ainsi qu’un des administrateurs fondateurs de la DAAA-AVWL. Défense Active des Amateurs d’Armes ou Actieve Verdediging der Wapen Liefhebbers. C’est une ASBL en droit belge (association sans but lucratif) enregistrée au journal officiel et ayant pour objectif de défendre les détenteurs légaux d’armes belges face à l’évolution législative et aux pratiques abusives de l’administration envers ceux-ci.

Comment est née cette association ?

Elle est née début des années 2000 à l’initiative de plusieurs personnes dépitées de voir se multiplier les textes légaux anti arme sans avoir une véritable opposition structurée à cet acharnement législatif. La Belgique est comme la France, il y a eu une loi encadrant la détention d’armes dans les années trente, 1933 pour la Belgique, une loi qui a bien rempli son rôle et qui était respectueuse des droits et des devoirs de chacune des parties. Dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale mis à part quelques aménagements techniques, la loi n’a pas fondamentalement changé. Il faut attendre les années noires, la crise économique, le traumatisme des tueries du Brabant, l’apparition d’un terrorisme d’extrême gauche, les CCC, pour lancer la machine à prohiber.
Entre 1980 et 2006, ce sont plus de 20 réformes qui seront déposées et plus de 10 seront entérinées. Faisant vivre les détenteurs d’armes belges dans une épouvantable incertitude juridique permanente. Avec à chaque fois un constat a posteriori : personne n’a défendu le droit à détenir des armes. Au moment ou se monte la DAAA-AVWL le projet loi de mise en adéquation du droit belge avec le droit européen est déjà sous les boisseaux et il faudra l’opportunité du drame d’Antwerpen ou un fou assassine deux personnes, dont une enfant avec une carabine à levier calibre .30, alors encore en vente déclarative, pour que ce texte passe. Connue comme loi 2006 ou loi Onkelinx du Nom du ministre socialiste qui l’a déposée. C’est aujourd’hui la loi qui a remplacé le texte de 1933 et ses multiples modifications. Plusieurs initiatives et actions en justice de la DAAA-AVWL ont permis de réformer certaines positions de cette loi. Ce serait trop long à aborder ici en détail mais sur certains axes nous avons permis une interprétation légale plus favorable aux droits des personnes.

Quelle est votre position vis-à-vis du port d’arme pour les civils ? Sous quelles conditions ?*

L’objectif de notre association c’est la défense des droits des personnes. Cela inclut les droits existants et en Belgique le port d’arme est théoriquement possible (ar14 du 08juin2006). Il y a un certain nombre de cas prévus, un prix défini (tous les actes administratifs relatifs aux armes sont payants depuis la loi de 2006) et une durée de validité de 3 ans. Ce qui est flou ce sont les modalités d’octrois et bien sûr le fait que l’usage doit s’inscrire dans le cadre de la légitime défense. Donc oui, nous sommes favorables à ce que ce droit soit non seulement maintenu en théorie, mais qu’il puisse s’appliquer en pratique dans de nombreux cas. Par exemple sur le fait que certaines personnes (armurier, collectionneur) qui sont des personnes pouvant avoir avec elles d’importantes quantités d’armes pour des raisons légitimes puissent se protéger et protéger leurs armes. On peut également penser aux clubs de tir qui représentent potentiellement une cible attractive et sur l’opportunité qu’il y aurait à autoriser certains cadres à porter une arme dans leur club.

Le climat anti arme que nous subissons est autant le fruit d’une méconnaissance du sujet que d’une volonté idéologique d’infantiliser le citoyen pour le rendre dépendant de l’État y compris pour sa sécurité.

Les conditions seraient de bon sens. Déjà posséder une arme représente un filtre certain. Les gens qui détiennent légalement des armes ont dû passer un examen théorique (valable 2 ans) et un examen pratique, ils doivent fournir un certificat médical valide chaque année ainsi qu’un extrait de casier judiciaire, doivent aussi fréquenter un club de tir et pratiquer le tir au minimum 10 fois par an. En pratique, pour un candidat détenteur d’arme et tireur sportif ou de loisir l’ensemble de la procédure va prendre entre 6 et 12 mois.
Pour accéder au port dissimulé d’une arme la loi prévoit en plus un avis psychologique, personnellement, je pense qu’il faudrait également satisfaire à un examen sur la connaissance des règles d’engagements, des conséquences juridiques et bien sûr de notion comme la balistique des projectiles. Mais avant même d’envisager ce que les gens devraient obtenir pour porter une arme il faut changer l’ADN idéologique de nos États. Que celui-ci reconnaisse qu’il ne peut assurer en tout temps et en tous lieux la sécurité de tous et qu’il doit en conséquence concéder une partie de cette mission à ses citoyens. Le climat anti arme que nous subissons est autant le fruit d’une méconnaissance du sujet que d’une volonté idéologique d’infantiliser le citoyen pour le rendre dépendant de l’État y compris pour sa sécurité.

Comment envisagez-vous le futur des propriétaires légaux d’armes à feu ?

Potentiellement problématique en Europe! Il y a une tendance lourde contre nous, pour de très mauvaises raisons et avec beaucoup de politiques politiciennes, mais le fait est là les détenteurs d’armes ont trop longtemps joués la carte de la discrétion et de la soumission et sont à présent identifiés comme un groupe qu’il est de bon ton de sanctionner surtout pour les crimes qu’ils ne commettent pas ! Nous sommes devenus une minorité que le politiquement correct autorise à haïr et tous les mauvais politiciens et leurs suiveurs médiatiques s’acharnent sur nous.

Rien n’est perdu en matière de défense de nos droits. Rien n’est jamais perdu d’avance sauf les combats que nous ne livrons pas !

Lorsque je lis certains projets de loi, je me dis que c’est comme une course à qui sera le plus démagogique! Les chasseurs et les tireurs sportifs ont bien tort de ne pas se mobiliser plus. Les associations qui se sont créées dans la plupart des pays d’Europe interviennent contre cette image déplorable avec des succès divers. Des disciplines dynamiques de tir tel l’IPSC ou le 3 guns, le biathlon ou le trap sont également de nature à nous faire sortir du désert médiatique ou nos opposants nous ont confinés et d’augmenter le nombre de détenteurs d’armes ce qui est toujours positif dans un rapport de force.
Rien n’est perdu en matière de défense de nos droits. Rien n’est jamais perdu d’avance sauf les combats que nous ne livrons pas ! C’est peut être ce que tous les détenteurs d’armes européens devraient entendre, admettre et comprendre ! Nous sommes tous sur le même bateau et si celui-ci coule à force de prendre des torpilles notre passion disparaîtra. Il y a entre 10 et 20 millions d’Européens qui détiennent légalement des armes. C’est une minorité très relative, les anti armes militants sont bien moins nombreux, ils sont simplement mieux organisés, bénéficient d’alliés puissants tels l’écologie ou l’anti mondialisme, c’est ce que je nomme le mouvement anti tout ! Les détenteurs d’armes peuvent changer ça en mandatant leurs associations pour être plus assertives et surtout en démarchant leurs clubs et leurs fédérations pour que cesse la politique du pour vivre heureux, vivons cachés et des petits jeux de pouvoir.

Quels sont, selon vous, les modifications de lois à apporter afin de pérenniser le droit aux armes ?

C’est plus une question du rapport global du citoyen à la loi. Du citoyen à l’État, que de points législatifs précis. Ce qui ne va pas dans l’Union européenne c’est que la charge de la preuve a basculé. Le citoyen n’est plus innocent et titulaire d’un droit jusqu’à démonstration de sa culpabilité, il est coupable à priori, bénéficie éventuellement d’un privilège révocable et même coupable par substitution lorsque l’État ne parvient pas à arrêter les vrais criminels ou les terroristes. La démarche entamée à l’initiative de la France après les attentats de novembre via la Commission européenne n’est rien d’autre que cela : faire payer aux détenteurs légitimes d’armes d’Europe les crimes commis par des criminels illégitimes avec des armes illégales. Ils n’osent pas stigmatiser l’idéologie qui a soutenu les auteurs de ces massacres, mais n’hésitent pas à traîner dans la boue les millions de détenteurs d’armes qui eux n’ont ni de loin ni de près participé, soutenu ou encouragé la survenance de ce massacre. La manipulation est tellement énorme que seule une presse corrompue peut faire mine de ne pas la voir !

Ce processus est un véritable déni de droit, la démonstration que le fichage des armes et des tireurs n’a pour seul objectif que la confiscation.

Une action concrète pourrait être d’interdire les effets rétroactifs des législations. Il n’est pas normal qu’une personne puisse, en 2016 être condamnée à abandonner une arme qu’elle a acquise librement dans les années soixante, qu’elle a déclarée dans les années quatre-vingt et pour laquelle elle a obtenu une détention en 2000, et ce sans qu’on puisse lui reprocher le moindre acte ou intention criminels. Ce processus est un véritable déni de droit, la démonstration que le fichage des armes et des tireurs n’a pour seul objectif que la confiscation. La fin du système quinquennale d’évaluation de la légitimité de la détention serait aussi un signal fort. En Belgique alors qu’on déclare manquer d’hommes pour traquer les terroristes un millier de policiers ne font que du contrôle des armes légales à longueur d’année en pure perte. Une arme est un bien qui fait partie du patrimoine de l’amateur d’arme et nul objet du patrimoine ne devrait être soumis à une précarité administrative.

Votre définition de la légitime défense ?

Elle est différente de la limite législative actuelle. Elle reprendrait en gros le précepte de la « castle doctrine » US et aussi du code germanique qui inclut plus de droits pour l’agressé que pour l’agresseur surtout si l’agression intervient dans le cadre de la propriété privée de l’agressé. Il ne saurait être question pour moi de légitimer un droit d’agression ou de milice. La défense de la société est une mission exclusivement régalienne, mais actuellement notre société limite trop le droit élémentaire des individus, de ces citoyens à défendre leur vie et même leurs biens. S’il s’était trouvé quelques personnes légitimement armées au Bataclan pour s’opposer aux terroristes le résultat eût été très différent.

Comment communiquer sur le port d’arme dans le monde d’aujourd’hui ?

En Europe, c’est un défi. L’immense majorité des Européens n’ont pas d’armes et sont conditionnés à avoir peur des armes et des détenteurs d’armes. C’est une peur irraisonnée, un conditionnement induit, mais l’hoplophobie est une réalité avec laquelle nous devons composer. La multiplication des associations pro-arme et internet ont un peu changé la donne, mais pour vraiment évoluer positivement on doit rechercher l’accès au mainstream média qui continuent à désinformer sur le sujet. Je vois le port d’une arme comme un aboutissement dans le droit des armes et alors que nous sommes en prise avec l’Europe pour conserver le droit de détenir certain type d’arme à la limite comme une utopie, mais on a besoin d’objectifs positifs, car à trop se cantonner en défense on perd de vue qu’il faut aussi des objectifs positifs. Ils nous ont vendu la sécurité absolue comme un objectif atteignable et une partie de la population y croit encore, un peu. Moi j’ai fait mienne la citation de Benjamin Franklin :

« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux ! »

Elle résume bien la posture irrationnelle de la tolérance zéro et autre principe de précaution.

Comment faites-vous le lien entre la détention d’une arme et la liberté d’expression dans l’Europe anti-arme actuelle ?

Elle est évidente pour moi. Le droit des armes est corollaire à la notion de citoyen. Elle découle des droits acquis et reconnus par le peuple et pour le peuple. Les messages des groupes hostiles à notre droit se résument à sous entendre que ce droit doit être supprimé, parce qu’obsolète, car la majorité des citoyens n’ont pas une maturité suffisante pour gérer une arme, que cela représente en conséquence un risque pour la société et même pour les citoyens eux-mêmes ou leurs familles. C’est de l’infantilisation !

Tôt ou tard, après le droit aux armes, se posera immanquablement le droit de ces enfants/esclaves turbulents à avoir celui de s’exprimer et bien sûr celui de s’instruire ou d’être instruit.

C’est le retour aux anciens régimes avec des privilèges accordés à une caste protégée par des gens en armes: des gendarmes qui contrôlent des serfs désarmés. La fin d’une société d’hommes égaux pour un retour à la notion de maîtres/esclaves. Lorsque l’on a cette vision d’une société, on n’est pas un progressiste quoi qu’on en dise. Tôt ou tard, après le droit aux armes, se posera immanquablement le droit de ces enfants/esclaves turbulents à avoir celui de s’exprimer et bien sûr celui de s’instruire ou d’être instruit. Des droits abrogés pour notre bien il va sans dire selon ces gens d’en haut. Le combat des amateurs d’armes est plus grand, plus important que la simple conservation d’une arme à feu ou de l’utiliser ou de la porter, il dit la place de chaque homme et la valeur que lui accorde la société.

Que peut-on espérer en Europe d’une victoire de Trump aussi bien au niveau politique que métapolitique ?

Ce fut la divine surprise de la semaine et la vue de nos médias pris au dépourvu de s’être à ce point trompés, d’avoir à ce point désinformé m’a amusé. J’ai revécu la semaine Brexit ! Trump à la maison blanche, mais surtout une chambre et un Sénat républicains c’est l’assurance d’un monde moins stressant pour nos amis américains détenteurs d’armes et avec en prime l’opportunité pour Monsieur le Président Trump de proposer un, peut être même deux, juges pro-armes à la Cour suprême. Là ou Madame Clinton voulait promouvoir des gens qui allaient mettre à mal l’interprétation du second amendement et réinstaurer le Clinton ban de 1994, c’est une nouvelle fantastique pour les 110 millions d’Américains qui détiennent des armes.

Il y a une incroyable coalition anti arme à l’ONU. De nombreux pays non démocratiques voient d’un très bon œil l’idée de désarmer leur population d’opposants. Via l’ONU ils obtiennent le soutien de nations démocratiques qui, elles, font dans l’angélisme béat et feignent de croire que ce genre de prohibition est la clef contre le terrorisme ou la criminalité.

Pour nous, en Europe, je vois deux conséquences très théoriques. Ça va compliquer la ratification du traité de l’ONU sur les armes légères qui est potentiellement très nocif pour le droit des citoyens à détenir des armes. Il y a une incroyable coalition anti arme à l’ONU. De de nombreux pays non démocratiques voient d’un très bon œil l’idée de désarmer leur population d’opposants. Via l’ONU ils obtiennent le soutien de nations démocratiques qui, elles, font dans l’angélisme béat et feignent de croire que ce genre de prohibition est la clef contre le terrorisme ou la criminalité.
Le mot clef du gun-control… c’est contrôle ! l’amendement ou l’absence de signature US sur ce document enlèvera beaucoup à la portée du texte.
La seconde relève du vœu pieux, penser que nos élites auront pris la mesure du message envoyé par l’élection de Monsieur Trump à l’establishment et qu’ils auront la volonté d’arrêter ou de réduire le mépris qu’ils affichent pour leurs peuples et le besoin de réduire les droits et les libertés individuelles. On peut bien sur aussi craindre une fuite en avant vers l’absurde juste pour afficher leur différence. Je veux être optimiste sur ce coup là!
De toute manière, les USA sont un autre monde, un monde lointain. Je suis un amoureux de ce pays de très longue date, mais le combat que nous menons tous pour préserver et augmenter le droit des armes de chaque citoyen ici en Europe ne pourra être conduit que par des Européens. Je salue la victoire de Monsieur Trump comme une meilleure promesse que la Perspective Clinton, mais c’est ici que nous devons nous battre pour nos droits et nos libertés sans trop attendre des Américains.

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