KIMBERLY CORBAN

Le 21 mai 2006, Kimberly Corban était une étudiante de 20 ans qui terminait sa seconde année à l’Université du Colorado du Nod. Elle venait juste de terminer ses examens, l’été arrivait. Elle avait la vie entière devant elle.
Puis, l’impensable arriva. Il était à peu près 5 heures du matin quand un homme s’introduit dans son studio à Greeley, Colorado, et la viola pendant presque deux heures.
“Je me suis dit que j’allais mourir” dit Corban, qui a aujourd’hui 30 ans, au Washington Post dans une interview téléphonique. “On ne peut pas se remettre de ça.”
L’histoire de Corban n’a pas vraiment eu de Happy End — ou, du moins, l’histoire continue. Bien que son assaillant est en train de passer 24 ans de sa vie en prison, elle est en lutte contre la dépression, le syndrome de stress post traumatique et les crises d’angoisse. Et, en parlant de son expérience, elle s’est mise à réaliser combien il était important pour une femme d’avoir accès aux armes pour se protéger.
Ainsi, sur la télévision nationale dans la nuit de jeudi, elle s’est confrontée à l’homme qu’elle pense vouloir lui confisquer ses armes : le Président Obama.
“En tant que survivante de viol, et maintenant mère de deux petits enfants — vous savez, pouvoir acquérir une arme à feu de mon choix, et avoir la possibilité de le porter là où je vais, moi et ma famille, ça m’apparaît comme ma responsabilité élémentaire en tant que parent” dit-elle à Obama durant l’émission “Guns in America” à la maison blanche sur CNN après que le président ait annoncé ses décisions exécutives sur le contrôle des armes mardi.
“J’ai déjà été épouvantablement abusée une fois, et je refuse de laisser ça arriver une seconde fois à moi ou à mes enfants. Alors pourquoi votre administration ne peut pas voir que ces restrictions vont me rendre la tâche plus difficile pour posséder une arme à feu, ou me rendre la tâche plus difficile pour emporter là où j’en ai besoin d’aller, et ainsi ne vont faire qu’exposer davantage au danger mes enfants et moi ?”

Tout d’abord, Obama félicita Corban pour son intervention.

“Eh bien, Kimberly, avant tout, de toute évidence vous le savez, votre histoire est terrifiante.” dit-il “La force que vous avez montré à raconter votre histoire et, vous savez, vous être montrée ce soir est remarquable, et donc je suis réellement fier de vous pour ça”

Ensuite, Obama essaya, au bout d’un moment, de répondre à sa question. Il fit remarquer que, bien qu’il pense que les armes de Corban ne la protégeaient pas forcément, il n’était pas en train d’essayer de les lui confisquer.

“Je me dois de répéter qu’il n’y a rien que nous ayons proposé qui vous rendrait la tâche plus difficile pour vous procurer une arme à feu.” Puis “Vous devez être sacrément bien entraînée pour tirer avec un pistolet contre quelqu’un qui est en train de vous agresser et vous attraper par surprise.” Puis “Il y a toujours la possibilité que cette arme à feu dans votre foyer vous conduise à un tragique accident.” Puis “Tout ce que je me suis efforcé de faire, c’est de m’assurer qu’un terrible crime comme le vôtre ne soit pas plus facile pour quelqu’un qui peut aller sur Internet et juste acheter l’arme à feu qu’il veut sans qu’on sache s’il est un criminel ou non.”

Corban n’était pas impressionnée.

“J’aimerais dire qu’il ne s’agit pas vraiment d’une réponse à ma question” dit-elle à The Post “Il a plutôt esquivé la question.”

Tout en disant qu’Obama travaillait sans scripts ni téléprompteur, Corban a critiqué l’insistance du président à parler de combien les armes mettent en danger les enfants à chaque fois qu’il ne savait plus quoi dire à la maison blanche. Ne comprend-il pas qu’elle a des armes parce qu’elle veut protéger ses enfants et sa maison ?

“C’est là que je comprends que cette violence arrive” dit-elle, mentionnant que sa fille va bientôt avoir un an “Ce n’est pas juste aux actualités. Ce n’est pas juste dans des contrées lointaines. Mes cauchemars sont réels. Ils sont dans ma mémoire. Je ne veux pas ça pour mes enfants.”

Si le défi de Corban au président a impressionné les télespectateurs, c’est peut-être parce qu’elle a été très directe à propos de son agression sexuelle. Elle a immédiatement porté plainte, et a même laissé le sperme de son violeur sur sa jambe pour que la police puisse avoir un échantillon d’ADN de son agresseur. Elle a témoigné pendant trois heures au procès de son agresseur en 2007, aidant à faire reconnaître coupable un homme dont la police lui a dit qu’il avait le profil pour devenir un violeur en série, et peut-être même un serial killer.

“Ça m’est arrivé à moi pour une raison, et peut-être que c’était pour donner la force aux femmes de parler” dit Corban à un moment “Je me fous de si vous êtes une strip-teaseuse ou si vous avez bu, un viol est un viol, et ce n’est pas de votre faute. Vous n’avez pas demandé à ce que ça arrive.”

Son acte volontaire pour aider à reconnaître coupable un homme — Ronnie Pieros âgé de 25 ans — a été publiquement loué et, depuis plus d’une décennie, Corban a continué de travailler sur le comportement des survivantes de viol.

“Corban avait la tête froide, la force de sa volonté était visible par le regard du public” dit la Greeley Tribune dans son éditorial en 2007. “Si elle n’avait pas agi de cette façon, il est dur de dire si Pieros ne serait pas en train d’arpenter les rues aujourd’hui, préparant sa prochaine ignoble attaque. Mais elle l’a fait. Elle est une femme libre maintenant. Pieros est derrière les barreaux. Corban a montré aux autres victimes comment mettre en place la meilleure des revanches.”

“Tout aussi affreux que c’était, j’ai transformé ça en une expérience dont les autres peuvent je l’espère apprendre” dit-elle.

En soulevant un des problème qui divise le plus l’Amérique juste quelques semaines avant le début de la saison des élections primaires de l’année électorale, la question de Corban était provocante et a vite fait adhérer tous les groupes conservateurs comme Glenn Beck’s the Blaze.

“La déclaration de Kimberly Corban comme quoi Obama l’empêche d’acheter une arme, alors qu’elle en a déjà une, est ridicule” dit quelqu’un sur twitter. Un autre écrit “Kimberly Corban est mon héroïne. Je n’arrive pas à imaginer le courage qu’il faut pour se dresser comme ça.”

Interrogée sur sa vision politique, Corban, directrices des relations de communauté au Weld County District Attorney’s Office au Colorado, se décrit comme un “esprit indépendant”. Bien que les archives publiques montrent qu’elle s’est une fois enregistrée comme Républicaine et a critiqué la vision du Vice Président Joe Biden sur le contrôle des armes en 2013, elle a dit qu’elle n’était pas préparée à soutenir un candidat à la présidentielle, et fit remarquer qu’elle n’est pas apparue à “Guns in America” sous sa fonction professionnelle.

“Je veux juste les faits clairs et net, et non pas me perdre dans les tergiversions interminables” dit-elle.

Interrogée sur sa collection d’armes, Corban ne s’est pas exprimée, bien qu’une photo de son port d’arme est postée sur son compte Twitter.

“J’ai préfère en fait ne pas l’étaler en public juste pour des raisons de sécurité” dit-elle “J’ai un port d’arme et j’ai d’autres armes que je choisis de garder chez moi.” A propos de l’allusion du président sur le fait que les armes apportent des tragédies dans les foyers comme le sien avec des petits enfants, elle dit que ses armes sont “complètement en sécurité”.

“Personne ne vous oblige à porter une arme à feu.” dit-elle “Je ne vous force pas à en porter. Je veux juste que vous respectiez mon droit de le faire moi-même.”

Washington Post

Voir également : le témoignage d’Amanda Collins, survivante de viol