Quand j’ai vu ce matin un article de Slate titrant « Pourquoi le port d’armes est un sujet féministe », je ne pouvais pas retenir ma joie de voir mes deux combats enfin liés. Comme de plus en plus avec Slate, j’ai très vite déchanté.

L’article commence par un « Plus le port d’armes est répandu, plus il y a de féminicides. » pour enchaîner directement sur un « Les États américains avec un nombre important de propriétaires d’armes à feu sont en effet aussi ceux où le nombre de meurtres de femmes est le plus important. »

Quel est le rapport avec le port d’arme ? On parle de détention d’arme. Si c’est le nombre de propriétaires d’armes qui pose problème, c’est la détention d’arme à feu qu’il faut interdire, pas le port d’arme. Il faut que les militants anti-armes assument qu’ils veulent radicalement interdire la détention d’arme et non juste le port d’arme comme ils prétendent.

L’article se base sur une étude publiée par la revue “Violence and Gender” (notons au passage cette étonnante passion pour les violences genrées) « si la prévalence de possession d’arme sur ce territoire ne semble que peu influer sur le nombre de meurtres d’hommes, elle permet de tristement prédire le taux de féminicide dans un État. »

Une fois de plus, on parle de possession, de détention d’arme. Pas de port d’arme. Donc plus il y a de propriétaires d’armes à feu, plus ils seraient à même de surmonter leur peur physique de la femme et d’assassiner des femmes (sans précision du moyen de tuer ni de la légalité de la détention de l’arme à feu). Car nous savons tous qu’il est particulièrement dur pour un homme ultra-violent de tuer une femme avec un couteau ou un marteau. Nous les femmes, sommes toutes des ceintures noires de krav-maga, des Valkyries impitoyables que les hommes n’osent pas agresser sans arme à feu.

« de nombreuses études avaient déjà montré que les Américaines tuées l’étaient davantage par leur mari, amant ou ex que par un inconnu »

Raison de plus pour leur enlever la possibilité de détenir une arme, histoire qu’elles ne puissent pas se défendre contre des hommes qui peuvent facilement faire deux fois leur poids.

« Une étude de 2003 soulignait ainsi que l’accès à une arme dans une situation de violence domestique augmente la probabilité que la femme soit tuée de 500%. »

On va donc, à partir de quelques cas choisis, comparer la criminalité chez des drogués avec des armes illégales, chez des cartels mexicains ou dans les milieux les plus populaires et défavorisés, avec la criminalité potentielle du cadre du tertiaire qui bat sa compagne ? En omettant de dire à cette ligne si l’accès à l’arme entraîne un meurtre par arme à feu ou bien un meurtre par d’autres moyens.

 

Pas à un seul moment dans l’article il n’a été question de port d’arme. Il ne s’agit que d’études douteuses et partisanes qui portent sur les féminicides en fonction de l’accès aux armes, sans préciser si elles sont légalement détenues ou illégalement détenues. Pas une seule fois on ne parle de port d’arme.

Rappelons que le port d’arme permet à 200 000 américaines chaque année de se protéger d’une agression sexuelle.
Rappelons qu’une grosse partie des nouveaux propriétaires d’armes aux Etats-Unis sont des femmes. En tout, le nombre de femmes propriétaires d’armes est passé de 13% en 2005 à 23% en 2011. Une promotion positive des armes grâce aux associations de défense des armes permet aux femmes de dépasser leur appréhension culturelle et de s’armer également, là où la politique du tabou fait que seuls les hommes s’arment.
La détention d’arme quant à elle permet à de nombreuses femmes parmi les 2,5 millions d’Américains qui se défendent chez eux ou dehors grâce à une arme à feu, de se défendre d’un ex violent, de quitter un mari qui les bat, de couper court aux menaces de mort et de rétablir l’égalité physique entre l’homme et la femme.

Il est absurde de prétendre lutter pour le droit des femmes en souhaitant retirer le seul outil capable de combler le handicap féminin face à la violence physique, en retirant le seul moyen de self-defense valable pour protéger toute femme contre tout homme indépendamment de leurs carrures respectives.

Gwenill